La Grande Cabane
« Au lever du jour, alors que je montais pour faire un suivi sanitaire des chamois dans le vallon de Clouzis, l'herbe a soudain bougé sous mes chaussures. C'était un orvet commun, ce lézard sans patte qu'il est rare d'observer en altitude. »
Jean-Philippe Telmon, garde-moniteur en Vallouise.
Description
Du parking des Deslioures, prendre le sentier sur la droite, itinéraire bis du GR54 (Tour de l’Oisans).
- Passer les quelques lacets de « la Folie » pour atteindre le plateau qui mène doucement en balcon, par les schistes de « Malafosse », à la cabane pastorale de la Balme.
- Continuer en balcon légèrement sous la cabane jusqu'au torrent de Clausis, entrée dans le cœur du parc national, puis jusqu'à la Grande Cabane, postée au-dessus du verrou du Fournel.
- Descendre par le même chemin. Possibilité de continuer vers le Pas de la Cavale, col qui permet de rejoindre le Pré de la Chaumette dans le Champsaur.
- Départ : La Salce, l'Argentière-la-Bessée
- Communes traversées : L'Argentière-la-Bessée
Profil altimétrique
Recommandations
Le parking est à deux pas de la réserve biologique des Deslioures, plus grand site européen de reine des Alpes, plante protégée. La floraison a lieu habituellement entre fin juin et début août. La cueillette de la Reine des Alpes est formellement interdite.
En alpage, les chiens de protection sont là pour protéger les troupeaux des prédateurs (loups, etc.).
Lorsque je randonne, j’adapte mon comportement en contournant le troupeau et en marquant une pause pour que le chien m’identifie.
En savoir plus sur les gestes à adopter avec le dossier Chiens de protection : un contexte et des gestes à adopter.
En cas de problème, racontez votre rencontre en répondant à cette enquête.
Lieux de renseignement
Maison du Parc de Vallouise
, 05290 Vallouise
Information, documentation, maquette, expositions, projections, vente des produits et ouvrages du Parc. Visites guidées pour les scolaires, réservation obligatoire. La nouvelle Maison du parc a ouvert à Vallouise depuis le 1er juin et propose aux visiteurs une exposition permanente interactive invitant à la découverte du territoire et de ses patrimoines. Un espace d'exposition temporaire permettra une offre renouvelée. Enfin,le dispositif est complété par une salle audiovisuelle permettant d'organiser projections et conférences Entrée libre. Toutes les animations du Parc sont gratuites sauf mention contraire.
Accès routiers et parkings
Dans L’Argentière-la-Bessée, suivre la direction du Vallon du Fournel. NB. Route généralement fermée en hiver, 200 m après le hameau de l’Eychaillon (1250 m).
Stationnement :
Les 22 patrimoines à découvrir
- Faune
Coronelle lisse
Dans les premiers lacets du sentier, de grandes ardoises chauffent sous le soleil. Parfois, l'une d'elles sert de repaire à une petite couleuvre, la coronelle lisse. Tout en elle évoque la douceur : ses traits arrondis, ses écailles lisses, ses pupilles rondes, sa couleur gris rosé. Une bande foncée part de son museau, passe sur l’œil et file à l'arrière de sa tête, formant la couronne qui lui a valu son nom. Discrète et inoffensive, elle chasse les lézards qui se dorent au soleil et se cache au moindre bruit.
- Géologie et géographie
Ancienne ardoisière
Entre 1851 et 1953, une ardoisière située au-dessus de la Salce était exploitée par intermittence. Les ardoises servaient alors à la couverture des maisons. Leur poids (40 kg au m²) ne laissait aucune chance au vent de les arracher. D'autre part, l'ardoise présentait sur le chaume un énorme avantage : aucun risque d'incendie n'était à redouter. Le débitage des blocs se faisait en hiver et par conséquent cette activité était complémentaire des travaux agricoles.
- Flore
Genévrier commun
Pouvant vivre jusqu'à 400 ans, cet arbuste prend une allure prostrée et peut même ramper lorsqu'il atteint sa limite altitudinale. Plus bas, il adopte un port rigide et princier. Ses aiguilles très piquantes sont disposées par trois. Ses fruits violets et charnus, portés seulement par les pieds femelles, permettent de le reconnaître à coup sûr. Ils sont utilisés comme aromates pour leurs vertus digestives. Les habitants des vallées briançonnaises croquaient ces baies contre les « coups de froid » et à Freissinières, les vapeurs de bois de genévrier étaient préconisées contre le rhume.
- Faune
Cigalette à ailes courtes
Cette petite cigale est assez commune sur les adrets chauds et secs. Pour la voir, mieux vaut s'armer de patience ! Mais entendre son chant très aigu et de faible intensité est un jeu d'enfant. C'est un bourdonnement crescendo suivi d'un bref accent séparé : « Tsssssssssss... tsit ». La larve vit quelques années dans le sol puis, par une chaude journée, grimpe sur une branche pour se transformer en insecte volant et chanteur pour les mâles. Parfois, on peut trouver une exuvie sous un genévrier, enveloppe laissée par la larve après la mue.
- Flore
Digitale à grandes fleurs
Cette grande fleur ne passe pas inaperçue avec sa grappe de corolles jaunes. Son nom de digitale vient de la ressemblance de ses fleurs avec des dés à coudre dans lesquels on peut glisser les doigts. Dans le langage populaire, elle prend le nom de « gant de sorcière » car c'est une plante extrêmement toxique.
- Flore
Pensée des Alpes
En tapis de fleurs violettes, parfois jaunes, blanches ou panachée, la pensée des Alpes égaye les pelouses fraîches de ses couleurs. On la nomme aussi violette à éperon. En effet son éperon, visible au dos de la fleur, est long et seuls les insectes à longue trompe tels les papillons peuvent venir y butiner. Violettes et pensées font partie de la même famille. Pour les différencier, il suffit d'observer les deux pétales latéraux : orientés vers le bas chez les violettes, vers le haut chez les pensées. La pensée est une violette optimiste !
- Pastoralisme
La cabane de la Balme
La cabane de la Balme se situe sur le plateau du même nom, un peu au-dessus du sentier. Ce site offre une vue dégagée sur le fond du vallon du Fournel et ses sommets escarpés. Cette cabane, comme celle de la Salce et la Grande Cabane, est un outil de travail de la bergère. Merci de respecter sa tranquillité.
- Flore
Fétuque paniculée
La fétuque paniculée ou queyrelle est une graminée précoce, vivace qui se présente en touffes pouvant compter plus de 50 feuilles, longues de 30 à 50 cm. Elles deviennent épaisses et coriaces avec la maturité et donc de moins en moins appétissantes pour les animaux qui les pâturent souvent trop tard dans la saison. Ainsi, la fétuque paniculée s'étend, formant de larges groupes dans la pelouse alpine : le queyrellin. Sur les adrets du vallon du Fournel, des mesures agri-environnementales prévoient une pression de pâturage adaptée pour limiter l'extension de la fétuque paniculée et garder la diversité floristique de la pelouse alpine.
- Faune
Faucon crécerelle
Un petit rapace élancé, dos roux, pointe des ailes noires, s'envole. Au-dessus de la prairie, le voici qui s'immobilise en position de « Saint-esprit », la queue déployée en éventail, avant de piquer sur une proie. C'est un faucon crécerelle, le plus commun des faucons. Aussi appelé « émouchet » en raison de son plumage moucheté, il est facile à observer au-dessus des alpages chauffés au soleil.
- Géologie et géographie
Abrupts zébrés de bancs de grès du Champsaur
Sur les versants abrupts des sommets qui bordent le vallon du Fournel se dessine une multitude de plis dont les charnières suivent un même thème répétitif. C'est l'aspect le plus apparent d'un intense cisaillement global de la couverture.
- Pastoralisme
Estive et troupeaux
Un grand troupeau de brebis rassemblant plusieurs troupeaux de la commune de L'Argentière-la-Bessée pâture le vallon du Fournel pendant la belle saison. La bergère fait monter les brebis au cours de l'été et les fait redescendre en fin d'estive pour manger la seconde repousse et les Reines des Alpes qui ont semé leurs graines. Au cours de l'estive, elle utilise trois cabanes : celle de la Salce, celle de la Balme et la Grande Cabane.
- Géologie et géographie
La boutonnière du Fournel
Depuis le parking des Deslioures, on peut observer le Fournel s'écouler dans les gorges de la Balme, creusées dans le socle cristallin recouvert de grès du Champsaur. Là, l'érosion a lentement poncé la couverture de grès pour entailler les roches cristallines sur 300 m. C'est la boutonnière du Fournel. Sur le chemin, il est aisé d'observer la jonction entre les roches cristallines et leur couverture gréseuse séparées par une mince couche intermédiaire de calcaire en corniche, communément appelée une Balme, nom de l'alpage et de la cabane.
- Faune
Chocard à bec jaune
Un tourbillon d'oiseaux noirs se déplace bruyamment le long des parois qui bordent le Fournel avant de se poser parmi les genévriers. Dans un joyeux chahut, ils viennent se nourrir des baies bleues que l'hiver leur a laissées. Dans les airs, ils font d'époustouflantes démonstrations de voltige, en groupe, tel un banc de poissons dans l'océan. Familier, le chocard à bec jaune n'hésite pas à à venir près des randonneurs pour picorer des miettes du pique-nique.
- Faune
Crave à bec rouge
Compagnon de voltige du chocard à bec jaune, le crave à bec rouge joue avec les nuages et brise le silence d'un bref cri strident, presque métallique. Sollicités par l'écho venu de la paroi, ses comparses le rejoignent au sol pour arpenter méticuleusement l'alpage à pied et extirper de l'herbe criquets et vermisseaux. Ses pattes sont aussi rouges que son bec et c'est le plus souvent en couple qu'on l'observe dans les airs.
- Flore
Asphodèle blanc
L'asphodèle blanc est une plante de grande taille, visible de loin, qui apprécie les sols calcaires. Ses fleurs blanches s'épanouissent au fil du temps le long de l'épi floral situé au bout d'une tige épaisse. C'est pourquoi on peut observer des fruits en bas de la hampe florale alors que les fleurs du sommet sont encore en bouton. Ses feuilles longues et étroites, groupées à la base de la tige, lui ont valu l'appellation populaire de « poireau des chiens ».
- Flore
Rubanier à feuilles étroites
C'est dans l'eau calme et peu profonde du petit lac qui fait face à la Grande Cabane que se développe, en colonie dense, le rubanier à feuilles étroites. Ses feuilles, planes et longues, flottent à la surface de l'eau alors que ses fleurs se hissent au-dessus de la surface. D'abord boules vertes hérissées de pointes, elles s'épanouissent en boules jaunes, semant leur pollen aux quatre vents. Autrefois récoltés, les « rubans d'eau » servaient de liens, de fourrage ou de rembourrage.
- Faune
La vipère aspic
Surpris dans son bain de soleil, un serpent se faufile soudain dans les herbes devant le pas du randonneur. Tête triangulaire, pupille verticale, corps trapu, queue courte et museau franchement retroussé, c'est une vipère aspic. D'instinct, le randonneur fuit. Mais le serpent est déjà caché dans son trou ! Les cas de morsure sont extrêmement rares : la vipère n'attaque que pour se défendre si elle est attrapée ou écrasée par un pied. Elle préfère garder son venin pour tuer petits rongeurs, lézards ou passereaux avalés entiers et lentement digérés. - Faune
Monticole de roche
Sur un bloc rocheux, poitrine orangée, tête bleue et coupion blanc, un oiseau s'envole pour lancer des strophes mélodieuses, douces et claires. Le monticole de roche n'est pas uniquement montagnard et affectionne avnt tout les pierres et le soleil. Dès son retour de migration fin avril, il cherche un territoire pour se reproduire et s'y manifeste intensément. Malgré ses couleurs voyantes, l'oiseau sait se faire discret et c'est une chance de l'observer sur un rocher près de la Grande Cabane.
- Architecture
Abri du randonneur
En face de la Grande Cabane, le balisage indique : « abri du GR ». Et effectivement, accroché à la petite barre rocheuse, un abri de pierre très sommaire et humide peut offrir un toit aux randonneurs du GR en cas d'intempérie. Pas encore restauré, il ne peut pour l'instant offrir guère plus. - Pastoralisme
La Grande Cabane
But de la randonnée, la Grande Cabane semble perdue dans l'immensité du haut vallon du Fournel. Cette cabane est utilisée par la bergère. Un abri pour les randonneurs est disponible dans l'ancienne cabane située contre un escarpement rocheux, sur l'autre rive du torrent. Cette estive fait partie du réseau des « Alpages sentinelles », un dispositif qui étudie différents paramètres physiques, naturels et humains pour comprendre et anticiper l’impact des aléas climatiques sur les alpages des Ecrins et des Alpes. Recouvert d'anciennes moraines, le relief est adouci, le paysage moins rude. Sur ce replat, le Fournel serpente calmement et on observe petits lacs et zones humides. Plusieurs indices d'occupation humaine ancienne ont été découverts ici par les archéologues, les plus anciens remontant à la préhistoire.
- Faune
Traquet motteux
Fin avril, sur le sol de l'alpage, la neige fond progressivement. Les rochers servent de perchoirs au traquet motteux, tout juste revenu de sa migration. Le mâle apparaît le premier : en plumage nuptial, il a la tête et le dos gris, un masque de Zorro sur les yeux, ventre blanc et ailes sombres. Il se reconnaît facilement en vol à son croupion blanc et au T noir qui se dessine sur sa queue. La femelle est plus pâle et moins contrastée. Souvent postés sur une proéminence, ils surveillent les alentours à la recherche d'insectes.
- Sommet
Pointe des Rougnoux et Pic Félix
La Pointe des Rougnoux (3179 m) est un sommet facilement reconnaissable car composé de plusieurs pointes et partagé entre les vallées de Champoléon dans le Champsaur, du Fournel et de Freissinières côté Durance. Le Pic Félix Neff (3243 m) quant à lui, présente son versant nord vers le vallon du Fournel et son versant sud au-dessus du hameau de Dormillouse où s'établit le pasteur Félix Neff en 1823. Véritable « apôtre des Hautes-Alpes », ce pasteur genevois œuvra en tant qu'évangéliste, enseignant, agronome et ingénieur. A Dormillouse, il apporta prêche et amélioration de la vie quotidienne (culture de la pomme de terre, canaux d'irrigation, assainissement des étables).
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