5. Du Monêtier-les-Bains à Vallouise par le col de l’Eychauda (étape du GR 54)

Une courte intrusion dans la vallée de la Guisane, plus célèbre sous le nom de Serre Chevalier vallée, et déjà les sommets rayonnent de toute part. La montée se fait douce et ombragée, et débouche sur l’alpage occupé par les remontées mécaniques du Monêtier. Il faut attendre le col de l’Eychauda pour quitter la montagne aménagée et apprécier la vue à couper le souffle sur le vallon de Chambran. Une halte de bivouac bucolique invite à flâner. Mais la route est longue et Vallouise, en bas, regorge de trésors.

Chapelle du Charvet
A proximité de l’arrivée de l’ancien téléski du Charvet, datant de 1948 (encore en place mais à l’arrêt depuis la fin de la saison 2003/2004), se trouve la chapelle Charvet qui fut édifiée en 1755. Facilement accessible été comme hiver depuis Le Monêtier, elle offre aux randonneurs un merveilleux panorama sur le sud de la vallée de la Guisane.
Il est assez inhabituel dans la région de dédier une chapelle à Saint-Antoine de Padoue et non pas à Saint-Antoine-Ermite. Y a-t-il eu un glissement dans le temps de son patronage ? La confusion des noms entraîna en même temps l'amalgame des vertus qui étaient à l'origine attribuées à chacun d'eux.

Les anciennes prairies de fauche
On peut distinguer dans la zone traversée et en contrebas, vers la cabane pastorale de l’Eychauda, des tas de pierre, les clapiers, résultant de l’épierrage des prairies de fauche. Pour nourrir le bétail pendant tout l’hiver, il fallait engranger beaucoup de foin ! Avec la modification des pratiques pastorales, elles ne sont plus utilisées en tant que telles mais pâturées. Seule une infime partie du vallon, la plus plate, est encore fauchée, de façon mécanique.

Au front des nappes
Les deux versants du vallon de Chambran sont bien différents : en rive droite, le minéral est très présent. Il s’agit de granites et gneiss appartenant au socle cristallin du massif des Ecrins. En rive gauche, des alpages sur grès et calcaires. Ces derniers font partie de nappes de charriage : ce sont d’anciens sédiments déposés plus à l’est, dans l’océan alpin, puis charriés jusque là par les compressions lors de la formation des Alpes.

Evolution du pastoralisme
Dans le vallon, des ruines et de nombreux clapiers résultant de l’épierrage des prairies de fauche témoignent dune époque révolue. La plupart de ces anciennes prairies sont maintenant broutées par les moutons. Le pastoralisme a en effet évolué : plus de petits troupeaux locaux et donc plus de foin à engranger, le vallon est maintenant occupé par un grand troupeau venu des Alpes-de-Haute-Provence.

Le parc à moutons
Le vallon de Chambran ainsi que tout son bassin versant constitue un très grand alpage. Les brebis de plusieurs propriétaires sont rassemblées ici pour l’estive. Un grand nombre vient des Alpes-de-Haute-Provence. Le paysage (passage des moutons, anciennes prairies de fauche), la végétation, les constructions (ancienne laiterie, cabanes pastorales), tout est marqué par des siècles de pastoralisme.

Hameau de Chambran
A 1700 mètres d’altitude, ce hameau était habité en été, lors de l’estive. L’ancienne laiterie a repris des couleurs et est devenue une buvette. Sa jolie petite chapelle dédiée à Saint Jean est très dépouillée et simple.

Chalets de Chambran
Vestiges d’une vie aujourd’hui révolue, les chalets de Chambran étaient autrefois un hameau d’altitude occupé pendant la période d’estivage des troupeaux. C’est aujourd’hui une halte bienfaitrice sur le GR54 et le départ des randonnées pour le lac de l’Eychauda.

Chocards et craves
Un vol d’oiseaux noirs tournoie avant de s’abattre sur l’alpage. Les chocards viennent chercher pitance, de préférence de petits invertébrés ! Grands voltigeurs, oiseaux sociaux, ils se caractérisent par leur bec jaune et leurs pattes rouges. Se mêlent parfois à eux quelques craves, plus farouches et dont le bec et les pattes sont rouges. Ces deux espèces nichent dans les falaises.

La chapelle du Sarret
Avant 1930, la route principale passe juste devant la chapelle du Sarret. Les enterrements se font au Poët jusqu'à ce que, dans les années quarante, le cimetière soit déplacé pour laisser passer la nouvelle voie d'accès à Pelvoux.

Les pénitents blancs
Au XIXe siècle, les pénitents blancs participent à la vie religieuse des hameaux du Poët et du Sarret. Rassemblant tous les hommes des villages, ils tiennent un rôle spécifique lors des enterrements. Ils chantent le «misère» devant la maison du mort et accompagnent les processions en habit et capuchon, avec bannière, cloche, bâtons et lanternes. Une confrérie macabre dont le symbole de ralliement est la tête de mort...

La chapelle du Poët
Saint-Pancrace, patron de la chapelle du Poët, était autrefois peint sur la façade, en habit de guerrier des croisades. Pour sa fête, le 12 mai, «il y avait une messe le matin et on faisait le riz au lait» pour partager avec les habitants des autres communes qui font le déplacement. Presque deux mois auparavant, on a déjà fêté la Saint-Joseph en assistant à la messe au Sarret avec les familles des hameaux voisins invités à manger la daube et le traditionnel riz au lait.

Le four à pain
Il existe déjà sur le cadastre napoléonien. Sa rénovation par la commune s'est faite il y a moins de 10 ans avec les pierres d'origines et de la brique réfractaire pour la voûte. Chaque hameau avait son four banal. Économie de bois et lien social expliquent aujourd'hui l'importance d'une cuisson commune du pain. C'est presque un mois entier, jour et nuit, entre novembre et décembre, qui était consacré à la cuisson du pain. Un rituel qui se traduit à présent par des cuissons estivales lors de la fête patronale ou d'autres manifestations locales.

L'église de Vallouise
L’église Saint-Étienne date des XVème et XVIème siècles. Elle abrite un retable et un tabernacle en bois doré du XVIIIème siècle, ainsi que des peintures murales. Non loin d’elle, se tient la chapelle des Pénitents datant de la fin du XVIème siècle avec façade peinte XIXème siècle.

Le petit rhinolophe
Dans les combles de l’église gîtent en été des chauves-souris. L’espèce ici présente est le petit rhinolophe, qui a fortement régressé ces dernières décennies. Chaque année, les mères reviennent après une hibernation dans des grottes et mettent au monde un petit chacune. Les chauves-souris sont des mammifères insectivores menacés par les insecticides dans les champs et sur les charpentes, la disparition de leurs habitats de chasse et de leurs gîtes etc. Elles sont toutes protégées.

Vallouise
Dans la vieille rue du village, se situent des maisons caractéristiques de l'architecture de la vallée datant des XVIIème et XVIIIème siècles, à plusieurs niveaux. Le rez-de-chaussée est réservé aux bêtes, le premier niveau pour l’habitation et les niveaux supérieurs pour la grange. On passait d’un niveau à l’autre par les balcons reliés entre eux par un escalier. Beaucoup de ces balcons sont à arcades avec des colonnes en pierres. Ce type de balcon à arcades se retrouve dans toute la vallée.
Description
En face des Grands Bains, longer la résidence Arts et Vie (SO) par une route qui mène à un parking.
- Prendre à gauche, la direction du Peyra Juana. 200 mètres plus loin, prendre le sentier de droite qui mène à la Chapelle Saint-Antoine du Charvet (1 608 m). La contourner et s’élever sur le sentier de droite.
- A la prochaine intersection, rester sur le GR à gauche. Le sentier longe le torrent de La Selle sous les crêtes des Lauzières. Puis il sort de la forêt près du restaurant d’altitude et du départ de trois télésièges.
- Poursuivre dans le vallon de gauche, sous le télésiège de l’Eychauda pour arriver au col du même nom (2 425 m). Laisser à gauche le sentier du col de la Cucumelle. La descente du ravin du Neyzet passe sous un dernier télésiège. Laisser à gauche les chemins pour le col de Fréjus, puis celui de La Pisse. Sous la Roche Gauthier, les virages contournent un escarpement rocheux puis le sentier longe le ravin de la Sastrière et traverse trois ravins successifs.
- Aux ruines du chalet de Riou-la-Selle (1 750 m), la large sent rejoint la piste qui monte au lac de l’Eychauda. Emprunter la route carrossable jusqu’aux chalets de Chambran (1 715 m). Continuer sur la route qui longe le torrent.
- Prendre le sentier à droite (1 689 m) qui la coupe pour la retrouver plus bas. 300 mètres plus loin après la maison dans le virage (1 531 m) retrouver le sentier. On aperçoit la station de ski de Pelvoux. Au ravin de la Baumasse (1 417 m), c’est de nouveau la route jusqu’au Sarret. A la sortie sud du hameau (1 234 m), la départementale 994 E mène à Vallouise (1 170 m).
Profil altimétrique
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